Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/87

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intrigue du préceptorat des fils du duc de Charost à la chaire de philosophie du Louis-le-Grand, de la chaire de philosophie au secrétariat de l’ambassade de Rome, du secrétariat de Rome au secrétariat de la feuille des bénéfices, de ce secrétariat au sous-préceptorat du Dauphin ; habile, discret, mystérieux même, exact, la plume facile, prête aux idées des autres, et rompue aux formules ; aujourd’hui le secrétaire intime du Roi, et menant tout sans se montrer ; d’ailleurs plein de sa robe, et trop animé des rancunes de son ordre pour pardonner au jansénisme rigide de M. de Machault l’interdiction de 1748 des donations de biens-fonds au clergé. M. de Radonvilliers approuva donc le choix de madame Adélaïde, le choix d’un parent de M. d’Aiguillon, le soutien des Jésuites. L’enveloppe de la lettre fut changée, et M. de Maurepas reçut la lettre destinée d’abord à M. de Machault[1].

La Reine, il faut l’avouer, n’était point sans avoir quelques reproches à s’adresser. Dans le premier moment de l’attendrissement, elle avait permis à Mesdames de s’établir à Choisy, tandis qu’il avait été convenu qu’elles se rendraient à Trianon et resteraient quelque temps séparées du Roi et de la Reine. Elle avait eu la timidité de ne pas combattre leur ingérence dans la fabrication d’un ministère, la faiblesse même d’appuyer de sa parole quelques-uns de leurs choix. Dans toute cette grave évolu-

  1. Chronique secrète de Paris, par l’abbé Beaudeau, et Mémoires de Soulavie.