Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

donné deux enfants. Quand il fut nommé ministre, la Reine fut dissuadée de se laisser présenter cette femme, madame la comtesse de Vergennes. Elle en écrivit à sa mère, et madame de Vergennes ne fut reçue à la cour que sur la réponse de Marie-Thérèse[1]. Le mari le sut, et prêta aussitôt à la Reine une intention d’offense. De là, chez M. de Vergennes contre Marie-Antoinette, plus qu’une hostilité du ministre, mais une haine de l’homme ; et pour les perfidies et les calomnies à mi-voix de M. de Maurepas, un complice passionné.

M. de Maurepas eut encore dans les premiers moments un auxiliaire qu’il ne brisa qu’après l’avoir usé : le chancelier Maupeou, et derrière le chancelier Maupeou, son parti, le parti du clergé, gagné à la dévotion de Mesdames Tantes, hostile à cette piété de la jeune Reine, naïve comme son cœur, plus dégagée de pratiques que la piété du Roi, plus près de Dieu peut-être, mais moins près de l’Église, et où l’Église n’espérait guère trouver l’appui de ses plans, de ses espérances, de cette restauration des Jésuites dont la cause n’était pas si perdue alors qu’il semblait aux ennemis des Jésuites.

Madame Adélaïde était guérie de la petite vérole. Elle rentrait à la cour, et dans les conseils du roi, impatiente de ressaisir son influence, blessée de tout ce qui avait été fait en dehors d’elle, de tout ce que M. de Maurepas avait cru devoir concéder,

  1. Mémoires, par l’abbé Georgel, vol. I.