Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/95

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de ces misérables victoires de la Reine : l’inoculation, et la réception de M. de Choiseul ; blessée des regrets et des larmes que Marie-Antoinette ne cachait pas à ses familiers ; et bientôt cette princesse, aveuglée, emportée par sa haine contre la maison d’Autriche, s’attaquait à la personne même de la Reine, à la femme, à l’épouse. Ce train de la Reine, libre et échappé, cette jeunesse que Louis XVI abandonnait à elle-même sans règle et sans avertissement, ces étourderies, ces innocentes folies, ces espiègleries écolières auxquelles Marie-Antoinette ne savait pas se refuser, et dont elle était poursuivie jusque dans les grandes représentations de la royauté et dans les révérences de deuil, c’était malheureusement bien des armes et de terribles armes aux mains de vieilles femmes sans pardon. Aussi du nouveau château de Choisy, que de murmures, que de plaintes, que de remontrances, que de mauvaises paroles s’envolent, qui, grandissant dans toutes les réunions dévotes de Versailles et de Paris, tentent de faire fredonner à l’opinion publique :

« Petite reine de vingt ans, Vous repasserez la barrière…[1]. »

Madame Adélaïde avait véritablement un porte-feuille. Elle disposait des grâces. Elle enchaînait les reconnaissances à ses rancunes. Elle commandait à cette armée, à ce complot qui entourait la Reine, qui la pressait de toutes parts, la poursui-

  1. Mémoires de Mme Campan, vol. I.