Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/96

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vait en toutes choses, et parvenait à obtenir du rédacteur de la Gazette de France un compte rendu adultéré des réponses de la Reine au Parlement et à la cour des comptes[1].

Madame Adélaïde lançait encore contre la Reine sa sœur, Madame Louise de France, la carmélite, qui s’était donnée à Dieu sans rompre avec les misères et les affaires humaines, et qui semblait s’être retirée du monde pour être plus à portée de la cour. Madame Louise était une sainte, mais une sainte à laquelle les ministres habiles ne négligeaient point de plaire, une sainte à laquelle le chancelier Maupeou faisait sa cour, en venant communier toutes les semaines avec elle. Dans ces comités secrets de Saint-Denis, dans la cellule de madame Louise, on nouait ces intrigues, on imaginait ces bruits qui, mêlés aux intrigues et aux bruits de Choisy, désapprenaient aux salons le respect de la Reine, avant de désapprendre au peuple la faveur de la Dauphine[2].

Si un moment un pareil acharnement, des menées si constantes, ouvraient les yeux du Roi et lui donnaient la tentation de régner au moins dans sa famille, Madame Adélaïde menaçait bien haut de se retirer à Fontevrault, de laisser seule la volonté du Roi ; et, résolue à risquer les derniers coups, fatiguée de demi-mots et de détours, elle osait, le 12 juillet, une sorte d’accusation solennelle de la Reine auprès du Roi. Précédée du comte de la

  1. Chronique secrète, par l’abbé Beaudeau.
  2. Ibid.