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Page:Goncourt - Hokousaï, 1896.djvu/133

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hokousaï.

amenées au temple de Niô, où la fiche déposée dans les autres temples, manquant, elles ont supposé qu’il habitait dans le voisinage.

Et la première parole de la femme au mari, est : « Tu es remarié, tu as une fille, il faut mettre ta seconde femme à la porte. » Il lui montre le cadavre de cette seconde femme. Cette vue la radoucit, et elle consent à ce qu’il garde près de lui « l’Assiette cassée ».

Mais presque aussitôt, il se fait chez cette femme, jusque-là très bonne, très excellente, une révolution morale surnaturelle, qui la transforme en une très méchante créature, hantée qu’elle est par l’esprit de la femme chinoise du père de son mari, venant se venger de son abandon, et de sa mort, sur la famille japonaise. Et cette méchanceté s’exerce à l’endroit de la fille de la seconde femme, qui était jolie, intelligente, et qui s’appelait Kahédé (Feuille d’érable) et qu’elle baptise du nom d’« Assiette cassée », par opposition au nom de sa fille « l’Assiette rose », lui répétant à tout moment : « Tu n’es que l’Assiette cassée ! » Mal nourrie, mal vêtue, reléguée dans un bâtiment de ferme, condamnée aux tâches les plus fatigantes, occupée, jour et nuit, à coudre les robes de soie de ses sœurs, elle a la vie, la plus triste, la