Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/285

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un bâton montant et descendant sur un plan fixe, — devraient écrire leur forme.

Il est fatigué, il a couru tous ces temps-ci, il a vu tous les banquiers, Rothschild, Solar, etc., à propos d’un emprunt de 50,000 francs qu’il voudrait faire sur sa maison du Point-du-Jour. Il a trouvé dans les banquiers, des banquiers… Ce qui lui est le plus pénible, c’est que le Crédit foncier, auquel il s’était adressé en dernier ressort, l’a dérangé un mois. Pas une amertume, rien que le regret d’avoir été tiré de son travail ordinaire.

En passant rue Montesquieu, devant un magasin de confection.

— Tiens, je vais m’acheter un pantalon…

On monte.

— Un pantalon bien chaud et foncé…

On lui prend mesure.

— Je n’y entends rien, mais du tout… Il m’ira, vous croyez ?… Combien ?

— Vingt-six francs.

Il paie et emporte sous son bras son pantalon.

Nous entrons dans le petit café borgne de la voiture. Nous causons d’un projet dont il a été question, d’un grand ouvrage d’illustration sur la Cour impériale. Il s’écrie : Oui, oui, j’y ai souvent pensé !… Puis il nous apprend qu’il était question, ces jours-ci, de refaire un costume de la garde, quelque chose dans le genre des horse-guards : « Il n’y avait que moi, et je ne leur aurais pas fait un costume d’opéra. Mais la paresse du corps m’envahit tout à fait, la