Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/390

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Puis une trop belle syntaxe, une syntaxe à l’usage des vieux universitaires flegmatiques, une syntaxe d’oraison funèbre, sans une de ces audaces de tour, de ces sveltes élégances, de ces virevoltes nerveuses, dans lesquelles vibre la modernité du style contemporain… et encore des comparaisons non fondues dans la phrase, et toujours attachées par un comme, et qui me font l’effet de ces camélias faussement fleuris, et dont chaque bouton est accroché aux branches par une épingle… et toujours encore des phrases de gueuloir, et jamais d’harmonies en sourdine, accommodées à la douceur des choses qui se passent ou que les personnes se disent, etc.

Enfin pour moi, dans les modernes, il n’y a eu jusqu’ici qu’un homme qui ait fait la trouvaille d’une langue pour parler des temps antiques : c’est Maurice de Guérin dans le Centaure.

— A-t-on remarqué que jamais un vieux juif n’est beau ? Il n’y a pas de nobles vieillards dans cette race. Le travail des passions sordides, de la cupidité, y tue sur les visages la beauté du jeune homme.

— Un bien joli mot de débiteur parisien. Vachette connaissait un jeune peintre qu’il va voir, au moment où un huissier pratiquait une saisie chez lui. Vachette s’informe de la somme due, et paye. — « Au fait, dit-il, jeune homme, est-ce que vous avez beaucoup de dettes comme ça, sur le pavé de Paris ? — Une vingtaine de mille francs. — Une vingtaine de mille francs, vous n’en sortirez jamais ! — Oh ! il