Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

l’Académie della Crusca, et donna la date de sa fondation. Ce n’était pas à un roi à savoir cela ; mais Mme de Genlis lui avait arrangé et ordonné tout cela dans la mémoire. « Quant au mot caboche, je ne l’ai pas inventé, comme l’insinue M. Cuvillier-Fleury. C’est Cousin, qui me dit un jour, en me montrant le pavillon des Tuileries, aujourd’hui démoli : « La bonne tête ou plutôt la bonne caboche qui est là ! »

Là-dessus il nous parle de Sœur Philomène, disant que seules ont de la valeur, les œuvres venant de l’étude de la nature, qu’il a un goût très médiocre pour la fantaisie pure, qu’il prend peu de plaisir aux jolis contes d’Hamilton ; qu’au reste, cet idéal dont on parle tant, il n’est pas bien sûr que les anciens s’en soient préoccupés, qu’il croit au contraire que leurs œuvres étaient des œuvres de réalité, — que peut-être seulement ils travaillaient d’après une réalité plus belle que la nôtre.

De Sœur Philomène, il passe aux femmes, aux vieilles femmes, comme Mme de Boigne, auprès desquelles il a pu retrouver l’accent du XVIIIe siècle, et nous félicite de vivre un peu, ainsi que nous le faisons, dans un siècle passé, de vivre une double existence.

Et comme ses yeux tombent en ce moment sur une gouache de l’Île d’Amour en 1793, il s’écrie : « Tiens, ça me rappelle la connaissance de Salvandy et de Béranger. » Un Anglais installé en France et demeurant à Belleville après la Restauration, donnait beaucoup à dîner. Un jour Salvandy, invité à dîner, se met à sonner à la porte de l’Anglais, à côté d’un