Page:Goncourt - Journal, t2, 1891.djvu/295

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ordure ! » Et le travail reprend, sérieux, acharné, coupé de dépêches télégraphiques jaunes, que la princesse déchire à mesure et roule en boulettes.

De ces journées d’art, se lève je ne sais quoi de pareil au charme de l’atelier d’une princesse italienne de la Renaissance, qu’auraient égayé des calembours de Carle Vernet.

La voiture est au perron. La princesse rit de voir Mme de Fly ne pas vouloir l’abandonner à nous autres, disant : « Mais qu’est-ce qu’elle croit que nous allons faire ? » et sur la route de Montmorency, elle nous conte l’hôtel qu’elle rêve : un rez-de-chaussée avec un immense atelier au milieu, éclairé par le haut ; et tout autour une colonie d’une dizaine de nous, logés dans de petites maisonnettes.

Au dîner, à propos d’un mot de je ne sais qui, la princesse s’emporte contre l’antiquité, la tragédie ; et déclare n’aimer, ne sentir, ne comprendre que le moderne, — et semble avoir pour tout le classique l’horreur d’un écolier pour un pensum.

Le soir, Chesneau vient remercier la princesse de sa croix. Dans la journée, elle m’avait demandé si Flaubert était décoré, et comme je lui répondais qu’il ne l’était pas, et que ce serait un honneur pour le gouvernement de le décorer, elle s’est écriée : « Je n’en savais vraiment rien ; si j’avais su ça, je l’aurais demandé directement ; mais je le savais si peu, que, l’autre jour, nous nous le demandions avec Charlotte. »

À onze heures et demie, les hommes sont montés