Page:Goncourt - Journal, t2, 1891.djvu/299

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— Ne faites pas vos yeux jaunes, dit Hébert, en se défendant mollement.

— C’est que pour moi, c’est bien simple ces questions-là, reprend la princesse, vous pouvez faire tout pour ces dames, quand c’est gratis, mais du moment qu’il y a de l’argent… Est-ce que vous ne pensez pas comme moi ? » dit-elle brusquement à Soulié, qui soutient cyniquement qu’un artiste comme Raphaël aurait travaillé pour n’importe quelle femme de son temps, et finit par s’écrier : « Moi je n’ai pas de principes ! »

Cette déclaration fait lever la princesse, qui se retournant, prête à sortir, nous souhaite le bonsoir, en nous jetant : « Vraiment, avec vos indulgences si je revenais au monde, vous me feriez désirer, Messieurs, d’être une femme à tempérament, une gueuse ! »

Nous remontons avec Hébert qui nous parle de Rome, de l’Académie, des lignes de la campagne de là-bas avec une voix amoureuse et émue d’un homme qui y aurait là, la patrie de son talent, de ses goûts, de ses bonheurs. Comme nous causions, un grand laquais m’a apporté de la part de la princesse une pommade quelconque pour un rhume de cerveau. La princesse a beaucoup de ces gentilles attentions, de ces petites façons de vous dire qu’elle pense à vous.

Mercredi 16 août. — Arrivent ce matin, à déjeuner, le ménage Benedetti, et le médecin du prince Napoléon, qui vient de couper à la princesse une