Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/45

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naïve de la vie rudimentaire, cette expression de souffrance d’un corps angéliquement douloureux ! — n’est-ce pas le style du moyen âge, le sentiment de cet art, qu’on croirait par moments n’avoir eu pour modèle qu’un peuple de figures à demi formées et comme une race de vivants embryonnaires ?

10 mars. — Pense-t-on à tout ce qui sera jeté à l’avidité de cette curiosité moderne sur la vie intime des personnes, quand peut-être avant cent ans, le notaire, le médecin, le confesseur, écriront des mémoires qui n’attendront peut-être pas vingt ans après leur mort, pour voir le jour.

— Les assemblées, les compagnies, les sociétés peuvent toujours moins qu’un homme. Toutes les grandes choses de la pensée, du travail, sont faites par l’effort individuel, aussi bien que toutes les grandes choses de la volonté. Le voyageur réussit où les expéditions échouent, et ce sont toujours des explorateurs solitaires, un Caillé, un Barth, un Livingstone, qui conquièrent l’inconnu de la terre.

— C’est une remarque juste, que l’homme commence à rechercher dans la maîtresse, l’aspect coquin, l’air mauvaise p… tandis que, plus tard, il est attiré par l’expression de la bonté chez la même