Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/59

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et une petite bonne. Cela me reporte à du vieux temps. Un peu de mon enfance m’est revenu, un souvenir de ces voyages, où la nourrice (qui avait élevé mon frère) mangeait avec nous. Oui, une habitude du passé, qui, certains jours, faisait entrer le domestique dans la famille. Cela s’en va comme tant d’autres choses.

Le domestique, dans notre société d’égalité, n’est plus qu’un paria à gages, une mécanique à faire le ménage, que les maîtres n’associent plus à leur humanité.

— C’est le néant que la vieille histoire. Mais l’adultère de Mme de Jully, voici qui est de mon humanité, de mon temps : voici qui me touche. Ce sont là des souvenirs qui font tressaillir… Il faut, pour s’intéresser au passé, qu’il nous revienne dans le cœur. Le passé qui ne revient que dans l’esprit, est un passé mort.

— On me racontait que des internes avaient été renvoyés de Clamart, pour avoir livré de la peau de seins de femmes à un relieur du faubourg Saint-Germain, dont la spécialité est d’en faire des reliures de livres obscènes.

— Un joli mot bête entendu :