Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des distances immenses. Une phrase sur la reconnaissance par tout le monde de son talent de paysagiste, le fait reparler.

« Oui, oui, — a-t-il dit, avec une certaine amertume mélancolique, et ce geste qui lui fait soulever devant lui, l’indicateur de sa main pâle, — oui, il est entendu que dans les voyages, on n’y met pas d’idées. Il ne peut, n’est-ce pas, y être question de progrès, du mérite des femmes, des principes de 89, de toutes les Lapalissades qui font la fortune des gens sérieux. Les voyages, c’est la mise en style des choses mortes, des murailles, des morceaux de nature… Il est bien avéré, encore une fois, que l’homme qui écrit cela, n’a pas d’idées… Oui, oui, c’est une tactique, je la connais, avec cet éloge, ils font de moi, un larbin descriptif. »

Et comme nous lui disons, qu’il serait bon pour lui de se reposer, de se défatiguer dans la fabrication de la poésie qu’il aime… dans la composition de sonnets :

« Oh ! pour cela, dit-il, mes idées sont complètement changées. Je trouve que la poésie doit être fabriquée, à l’époque où l’on est heureux. C’est pendant la période de la Jeunesse, de la Force, de l’Amour, qu’il faut faire des vers. »

Mercredi 17 juillet. — La force prime le droit, cette formule prussienne du droit moderne, proclamée,