Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/106

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s’est glissée la modernité un peu canaille du physique marseillais.

On soupe dans l’absorption d’une pensée, tournée vers le lendemain, dans la contention d’esprit des soupers de premières, qui n’ont pas été précédés d’un succès à tout casser. Et après souper, c’est une vraie réjouissance pour tout le monde, que les imitations de Gibert, ayant à la fin, le pouvoir, selon l’expression de Mme Charpentier, de dégeler Zola, qui a l’air ennuyé, souffrant.

Dimanche 20 décembre. — « Eh bien, le voilà le nouveau théâtre, votre nouveau théâtre. » C’est Daudet qui entre dans mon grenier, marchant avec effort sur des jambes mal d’aplomb. « Oui, le Matin fait un article sur le nouveau théâtre, et Duret doit à ce sujet vous interviewer, vous, Zola et moi. »

Et de suite la conversation est sur Sapho, et l’on cause du tact qu’il faut pour faire passer de la vérité sur les planches, et de son délicat dosage près d’un public de théâtre.

« À ce propos, fait Daudet, il y a une histoire de femme en omnibus, que je raconte, et qui semble tout à fait se rapporter au théâtre. C’est une femme en noir qui monte dans un omnibus, et dont le deuil, la tenue, la mine, forcent son voisin à lui demander l’histoire de ses malheurs. Et elle raconte, au milieu de l’attendrissement de tout l’omnibus, et du conduc-