Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/180

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gnant à rouvrir une souscription qui depuis plusieurs années n’avait pas réuni 9 000 francs, je me rendais au vœu du Conseil général et je demandais, le mois dernier, une représentation au Théâtre-Français.

Sur cette demande aucune réclamation de la famille ou d’un membre de la Société.

Le directeur du Théâtre-Français me répondait par un refus, motivé sur les statuts de la Comédie-Française.

Alors dans un dîner chez Daudet, je proposais à Daudet de compléter la souscription en donnant Daudet, Zola, vous et moi, chacun 500 francs, proposition rapportée le lendemain dans le Temps, par un de ses rédacteurs qui dînait avec nous.

Et la résolution allait être prise définitivement, et j’allais vous demander, ainsi qu’à Zola, la somme de 500 francs, lorsque dans un autre dîner chez Daudet, où se trouvait Porel, on parlait de la représentation du Théâtre-Français, tombée dans l’eau. Sur mes regrets, Porel nous offrait galamment son théâtre, et instantanément nous improvisions à nous trois la représentation annoncée dans les journaux, et que je trouve pour ma part joliment imaginée comme représentation d’amitié et de cœur, et dont l’argent n’avait rien à mes yeux de plus blessant pour la mémoire de Flaubert, que l’argent d’une souscription du public.

Maintenant cette représentation n’ayant pas lieu, je tiens à la disposition de la Société la somme de 500 francs pour laquelle j’avais annoncé vouloir contribuer au monument de Flaubert, regrettant, mon cher Maupassant, que vous ne m’ayez pas écrit directement, enchanté que j’aurais été de me décharger, en ces affaires délicates — où je n’ai été que l’instrument de vouloirs et de désirs qui n’étaient pas toujours les miens, — de toute initiative personnelle.

Agréez quand même, mon cher Maupassant, l’assurance de mes sentiments affectueux.