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Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/220

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demande de ne pas le faire paraître, lui disant que je ne veux pas répondre, que je trouve l’accusation au-dessous de moi, que j’ai ignoré absolument le manifeste, et que si je m’étais cru le besoin d’exprimer ma pensée sur la littérature de Zola, je l’aurais fait moi-même, avec ma signature en bas, et qu’il n’était pas dans ma nature de me cacher derrière les autres.

Vendredi 2 septembre. — Saint-Gratien. Ce soir, le violoniste Sivori nous raconte sa vie de voyages, commencée à onze ans, et promenée continuement dans les cinq parties du monde. Et il nous conte, que tout jeunet, à l’isthme de Panama, naviguant sur la rivière, dans une étroite barque, et que le moindre mouvement pouvait faire chavirer, naviguant couché au fond de la barque, sa boîte à violon entre ses bras, soudain, en ce grand paysage, il lui avait pris une idée de préluder ; mais au bout de quelques accords, ne voilà-t-il pas que les quatre sauvages qui menaient la barque, pris d’une exaltation furieuse, voulaient jeter à l’eau le sorcier. Et il ne put les faire revenir de leur détermination qu’en remettant son violon dans sa boîte, et en leur abandonnant sa provision de cigares.

Dimanche 4 septembre. — Ce soir, est venu dîner à Saint-Gratien, le jeune ménage Walewski. La femme,