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des hommes venus après les hommes des cavernes, et dont les logis, ou plutôt les anfractuosités dans la roche, auraient été habitées plus tard, par les populations du pays, en fuite devant l’invasion des Sarrasins. Des antres de bêtes, où l’on remarque des ébauches d’escaliers frustes, et des rigoles barbarement entaillées le long du contournement des rochers, et qui amenaient l’eau de la pluie dans des citernes.

Pour arriver à cette cité mystérieuse, et qui n’a pas d’histoire, une montée à travers des pins centenaires, à travers des quartiers de rochers, dans un paysage si fort aromatisé par les plantes odorantes de toutes sortes, qu’il entête.

Pour les Baux, pour Lamanon, pour ces endroits que j’appellerai de leur vrai nom, du nom de paysages historiques, et que dégrade et modifie, chaque jour, l’action meurtrière de la nature, ou la recherche de la pierre de construction par l’homme, comment ne s’est-il pas trouvé un préfet, un administrateur intelligent, qui ait songé à les faire reproduire dans une série de grandes photographies, et en faire un musée dans le chef-lieu du département ? Car enfin ces paysages historiques sont tout aussi intéressants que ce qu’on appelle un monument historique : une église, un château, une maison.

En ce temps de choléra, Daudet qui n’a pas l’estomac, en meilleur état que moi, ne peut résister à un oignon, une tranche de pastèque, un morceau de tourte d’anchois, à n’importe quelle mangeaille de