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immense, et il y a trop de choses, et l’attention, comme diffuse, ne s’attache à rien. Le vrai format d’une exposition était le format de l’exposition de 1878.

Avec Manet, dont les procédés sont empruntés à Goya, avec Manet et les peintres à sa suite, est morte la peinture à l’huile, c’est-à-dire la peinture à la jolie transparence ambrée et cristallisée, dont la femme au chapeau de paille de Rubens est le type. C’est maintenant de la peinture opaque, de la peinture mate, de la peinture plâtreuse, de la peinture ayant tous les caractères de la peinture à la colle. Et aujourd’hui tous peignent ainsi, depuis les grands jusqu’au dernier rapin de l’impressionnisme.

Lundi 20 mai. — À l’Exposition, les allants et les venants, tout un monde bêtement affairé, éreinté, affolé, la tête perdue ; c’est de l’humanité qui ressemble aux bestiaux fous, que j’ai vus, en leur course éperdue dans le Bois de Boulogne, au mois d’août 1870.

Mercredi 22 mai. — De même que les banquiers ont un choisisseur de tableaux, d’objets d’art, de même les princes devraient avoir un avertisseur, pour les éclairer sur la propreté morale des gens qui approchent d’eux.