Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/181

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tombe avec sa petite fille, tous les six mois, chez moi, et m’intéresse, et à la fois me séduit et m’étonne, par sa conversation sur les révolutions économiques, qui ont lieu autour de moi, et dont je ne me doute pas. Aujourd’hui, il me fait un tableau très curieux de la mort du demi-gros par l’introduction des colis-postaux, qui tuent l’intermédiaire.

À Villedeuil succède Roger Marx, venant m’annoncer qu’il fait un bouquin pour les écoles, un choix de morceaux de littérature de Chateaubriand à nos jours, choix qui sera autrement brave que les Selectæ courants, et où il va se payer de donner beaucoup des Goncourt.

Et c’est Hennique, qui m’annonce la réception des Deux Patries à l’Ambigu, et sa toute prochaine entrée en répétition.

Ce soir dîner chez Daudet, dîner avec Loti, qui un moment a hésité à venir, parce qu’on lui avait dit, que je disais un tas d’infamies sur son compte. Quand il s’en va, je lui dis, en lui donnant la main : « Loti, ne croyez pas à ce qu’on vous a dit de moi. Oh ! je ne vous le cache pas, je n’ai pas aimé votre discours à l’Académie, et je l’ai dit bien haut… Mais c’est tout. »

Mardi 24 octobre. — La soirée de gala à l’Opéra : une déception. Vraiment, cette salle n’est pas favorable à l’exhibition de la beauté de la femme. Ces