Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait construit de ses mains une rôtissoire en fer-blanc, et faisait rôtir la bécasse devant un feu de bois clair et flambant, ayant l’art de la faire couler dans le canapé, et soutenant qu’il n’y avait pas dans le monde, un rôtisseur de bécasses comme lui. La découverte des bécasses l’avait amené bientôt à la trouvaille, dans un petit lac voisin, d’écrevisses que personne ne mangeait, et il fallait l’entendre décrire les merveilleux courts-bouillons qu’il fabriquait.

Ce très aimable docteur Martin, est vraiment un délicat. Je l’ai entendu parler femmes, bouquins, cuisine ; et la manière dont il en parle, ne peut laisser aucun doute sur cette qualité distinguée de l’homme.

Jeudi 5 avril. — À la fin de la soirée, l’on causait de la précipitation des choses, des événements, des succès, de l’accélération de tout au monde, et l’on se demandait, si ce n’étaient pas les caractères des fins de siècle, si, il n’y avait à ces époques limitées par des calculs humains, une accumulation, un trop-plein d’incidents, voulant déborder, pour débarrasser le siècle qui va venir. Et l’on faisait un retour sur la fin du siècle dernier avec la Révolution, sur la fin du XVIIe siècle avec les guerres de Louis XIV, sur la fin du XVIe siècle avec la Ligue.

Vendredi 6 avril. — Le jeune Rothenstein qui