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est bien le Boucher français, et fait contraste avec deux autres, qui font connaître, l’un un Boucher italien, l’autre un Boucher flamand. Le premier, à l’élégance d’un corps du Primatice, montre la femme les bras croisés au-dessus de la tête, et hanchant, appuyée à un cippe, où tourne une ronde d’Amours ; le second, c’est le plein d’un corps vu de dos, bien en chair, capitonné de fossettes, et qu’on pourrait prendre pour une étude de Rubens.

Et j’ai oublié deux dessins français, couronnant deux corps de bibliothèque :

L’un de Fragonard, une de ces solides gouaches jouant l’huile, où dans la tourmente blafarde d’un ciel orageux, éclate le coup de pistolet d’une jupe rouge de paysanne.

L’autre, un dessin aux deux crayons, n’est qu’une contre-épreuve de Watteau, mais ils méritent vraiment d’être encadrés, — ces doubles du dessin original, un rien atténués dans les valeurs, — quand ils sont du grand maître français, et ne payait-on pas dans le siècle dernier, à la vente de Mariette, des mille francs, des contre-épreuves de Bouchardon ? Cette contre-épreuve, qui vient de la vente Peltier, représente une femme vue de dos, retroussant d’une main par derrière sa jupe aux plis de rocaille, à côté d’une amie allongée sur le rebord d’une terrasse, où elle s’appuie de la main gauche, tandis qu’elle fait un appel de la main droite, à la cantonade.

Sur la tablette supérieure des bibliothèques, sont