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Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/100

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adoptions aveugles, où l’être qui se donne se paye en pleine infamie, par le contentement pur des actions désintéressées. Le plus souvent, dans ce rôle tutélaire de la fille, vous ne trouverez que la satisfaction légitime d’une faiblesse protégeant une force, et encore le sentiment, à ses propres yeux, du relèvement et du rachat de cette fille au milieu de la vénalité du métier. Il existe dans l’immonde profession un besoin instinctif de la femme, et plus fort que son égoïsme, de créer, de bâtir avec ses privations et ses souffrances une félicité d’homme. Très souvent dans la prostitution cette immolation d’une femme au profit d’un homme, d’un homme vil ! oui, mais qu’importe ? cette immolation prend quelque chose d’une touchante maternité, en a les complaisances, les indulgences, les éternels pardons.

Au bout de quelques mois, ce n’était plus seulement son amour qu’Élisa donnait à son conspirateur, c’était l’argent de ses cigares, puis l’argent de ses dépenses de café, puis