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Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/108

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trottoir : un trottoir côtoyant de vieilles bâtisses ressoudées tant bien que mal, interrompu par les rentrants des maisons bâties d’après le nouvel alignement, coupé, çà et là, par des bornes défendant des entrées de cours, noyé par l’eau du ruisseau, au moindre orage.

Elle allait, revenait sur le trottoir, marchant vite et retroussée haut, la tête tournant à droite, à gauche, en arrière, à tout bruit de bottes sur le pavé, la bouche susurrant : « Monsieur, écoutez donc ? » Elle allait, revenait, donnant à voir, sous sa jupe remontée des deux mains, la provocante blancheur de son bas jusqu’aux genoux. Elle allait, revenait, les hanches remuantes de tordions, faisant faire sur le trottoir, à son jupon empesé, le bruit d’un balai de bouleau dans les feuilles mortes. Elle allait, revenait, barrant le trottoir à tout passant, avec ici et là la double avance d’un corps imitant le lascif balancé d’une contredanse. Le long des murs verdâtres, au milieu des sales ténèbres, fouettée d’ombres et de