Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/229

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Ce croyant et ce fervent n’avait pu cependant résister à Paris aux ardeurs sensuelles de son tempérament, à la flamme de ce corps grandi dans les excitations de la nature et l’arôme des sapins, à l’exaltation tendre d’un cerveau amoureux de Dieu et de la femme. Au milieu de ses faiblesses, dans la simplicité de sa foi candide, l’ancien berger était tourmenté de l’appréhension des feux matériels d’un enfer, de la crainte d’un vrai diable qu’il n’était pas bien sûr de n’avoir pas vu, une fois, sous la forme d’un loup blanc, de la peur de toutes les créations de terreur de l’Église à l’usage des damnés, qu’il croyait, en ses souvenirs hallucinés, s’être approchés de lui dans les ténèbres, dans l’obscurité remuante des heures où le Monde s’endort ou s’éveille. Et ces effrois de réalités pour lui non douteuses, non lointaines, mais menaçantes de tout près, troublaient d’autant plus son être qu’il se sentait tous les jours plus incapable de résister