Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/303

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derrière nos dos le petit directeur avec une intonation allègre.

Je m’étais arrêté devant un lit sur lequel une femme était étendue dans une de ces immobilités effrayantes qu’amènent les maladies de la moelle épinière. Au-dessus de la tête, son numéro d’écrou était cloué dans le plâtre, au milieu du tortil desséché d’un brin de buis bénit. Près du chevet se tenait debout une fille de salle, une détenue, qui, muette dans sa robe pénitentiaire, semblait le Silence continu en faction près de la Mort.

« Celle-là, une condamnée à la peine capitale... la fille Élisa... une affaire d’assassinat qui a fait du bruit dans le temps... » Et la voix musicale et légèrement zézayante du directeur reprit aussitôt : « quatre pour cent de mortalité... »

Je regardais attentivement la femme au masque paralysé, aux yeux aveugles, et dont la bouche seule encore vivante dans sa figure tendait vers la garde des lèvres enflées de