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Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/43

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des poses assommées, écraser de l’affaissement de son lourd torse les chaises et les bancs craquant sous lui, — et ayant un peu sur la figure de l’animalité hagarde des faunes de Prudhon, et dans sa bouche, d’ordinaire entr’ouverte, des dents de loup. Doué d’un appétit extraordinaire et que rien ne pouvait rassasier, il disait n’avoir jamais mangé pendant sa vie une seule fois tout son saoul ; et cela le faisait mélancolique à la façon d’un estomac qui aurait éternellement le sentiment du vide.

Le crâne rasé à la façon d’un teigneux, le pitre avait une de ces têtes moyenâgeuses telles que le peintre Leys en a encore trouvé pour ses tableaux quelques modèles dans le vieux Brabant autrichien. Vous auriez dit les traits d’une pauvre et rudimentaire humanité en train de se façonner : des yeux qui paraissaient avoir coulé entre des pau-