Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/200

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gazouillant, parfois sublime, de l’enfant à demi muet.

Les deux femmes voiturées laissaient paresseusement leur venir de grands et longs silences, passives et pénétrées d’un ravissement ébloui devant ces champs de soleil, rayés de traits d’or par les échalas de roseaux, cette campagne où la feuille découpée de la vigne, le maïs oriental, les tiges de la fève, les plantes artistiques du Midi, pétillaient partout de lumière, devant ces espaces incendiés où se perdait la verdure des oliviers poussiéreux jusqu’à cette ligne de vif-argent, la mer, une mer fermant l’horizon avec un petit rivage blanc de l’Odyssée.

Ce fut au retour d’une de ces radieuses journées, que dans un mouvement abandonné, pressant les deux mains de Mme Gervaisais, la comtesse lui disait : « Je ne sais comment cela se fait, ma si chère, ma si belle ; mais je ne puis plus aimer quelqu’un à présent, si je n’ai pas un peu de son âme se donnant à moi avec son cœur… L’intimité ne me paraît complète