Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/113

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j’ai toujours faits pour lui plaire et mériter ses bontés.

Quant à mon âge, vous gardez le silence : auriez-vous craint de blesser mon amour-propre , en traitant une matière aussi délicate vis-à-vis de mon sexe ? Ne vous gênez point : ce n’est pas un secret ; ce serait tout au plus celui de la comédie. Sans autres prétentions que celle d’être plus intéressante dans mes rôles, je désirerais conserver du moins au théâtre l'illusion de la jeunesse que le prestige des planches favorise toujours : car le public est pour les actrices comme l’Amour pour les guerriers, il ne fait nul état d'un vieux soldat. Mais peut-être par coquetterie je veux vous mettre moi-même dans la confidence. Je suis née le 14 février 1744, sur la paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois, dans la même alcôve où l’amiral de Coligny fut assassiné. Cette anecdote intéressante est la seule illustration de ma naissance que je puisse citer. On sait que mon début est du mois de décembre 1751 . Qui peut calculer que huit et huit font seize, saura que seize et seize font trente-deux[1].

J'attends avec impatience. Monsieur, votre jugement sur l’opéra d'Alceste qui va occuper et peut-être diviser tout Paris. Les détails que

  1. Nous répétons ce que nous avons dit dans la note sur son acte de naissance, la date et le lieu de sa naissance ; Sophie est née en 1740, et rue Louis-le-Grand.