Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/114

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vous ferez, fixeront l'opinion que j'en ai formée aux seules répétitions. Si les succès que j’ai pu avoir dans Iphigénie ont dû me donner de la prévention pour les auteurs, leur peu d’égards, et j’ose même dire leurs mauvais procédés, ont dû aussi changer mes dispositions pour eux : mais je me respecte trop pour me joindre (comme ces messieurs veulent le persuader) aux cabales qui peuvent se former pour ou contre ce nouvel ouvrage : elles ont toujours été au-dessous de moi ; les unes tiennent à la charlatanerie , les autres à la bassesse. J’ai borné ma vengeance à ne pas réclamer mon droit sur le rôle ; mais nulle raison personnelle ne me fera déprimer le génie, et ne m’empêchera de rendre justice à celui de M. Gluck. Il est, je le dis hautement, le musicien de l’âme : il saisit toutes les modulations propres à former l’expression des sentiments et des passions, surtout de la douleur.

Quant à l’auteur des paroles, je laisse au Public le soin de le juger. Si j’étais de l’ Académie française, je pourrais joindre ma critique à celle qu’en pourront faire les Quarante, mais je ne suis que de l'Académie royale de musique. Je reconnais mon incompétence, et je garde le tacet : je me permettrai seulement de dire que l’on ne trouve pas toujours des sujets aussi intéressants qu'Iphigénie, et des modèles aussi sublimes que Racine.