Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/24

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ment de mon enfance, c’est qu’ayant été mise en nourrice à la campagne, et ma nourrice se trouvant enceinte, j’ai, comme Chloé, été allaitée par une chèvre, qui venait avec de grandes précautions se poser sur mon berceau pour me présenter son pis. Enfin je suis venue aussi bien portante que le permettait la délicatesse de mon individu, qui a toujours été très-frêle.

Les parents de Sophie Arnould étaient de bonne bourgeoisie, gens de négoce, frottés au monde, aisés, se plaisant au bien-vivre, honorant le travail et la fortune honnête. Son père était de cette grande famille d’esprits sains, pratiques, formés et élevés par le labeur de la vie, qui allait être le Tiers-État. Il avait un gros bon sens, calme, assis et serein, à la façon des personnages raisonnables de Molière, et doué d’un assez grand orgueil pour ne rougir ni de lui ni des siens ; il laissait se faire les anoblissements autour de lui, en riant des anoblis, sans les

    de 1744 donnée par quelques biographes, n’est pas la vraie date de sa naissance : Sophie est née le 13 février 1740, ainsi que le témoigne son acte de naissance, que j’ai découvert aux Archives nationales. « L’an mil sept cent quarante, le 14 février, Magdeleine Sophie, fille de Jean Arnould, officier d’office, présent, et de Rose-Marguerite Laurent sa femme, née hier rue Louis-le-Grand, en cette paroisse a été baptisée. « Le parrein : Louis Le Vasseur, directeur dans les fermes du roi, rue Coq-Héron paroisse Saint-Eustache ; la marreine : Magdeleine Chevalier, fille majeure, rue du Mail, susdite paroisse. »