Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/32

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galerie, et ne vous montrez à qui que ce soit.» Il y avait dans la galerie deux clavecins magnifiques dont l’un était couvert de peintures de Boucher, et, posées çà et là sur les meubles, des mandolines, des guitares et des harpes dorées. Sophie alla vers le clavecin où jouaient les rondes d’amours peintes, et, laissant sa petite main courir sur le clavier, elle s’amusait de quelques folies quand Mme de Pompadour lui tirant l’oreille : « Ma chère enfant, le bon Dieu vous a faite pour le théâtre ; vous êtes née délibérée comme il y faut être : vous ne tremblerez pas devant le public ! »

Et l’on passa dans la chambre de la marquise. Le lit était un trône drapé vert et or, frangé d’or, dont le dais à colonnes posait sur une balustrade marbre et or, formant demi-cercle, comme chez la Reine, et dans le grand appartement du Roi. Sophie s’assit au pupitre de Mme de Pompadour et chanta. Mme de Pompadour fut étonnée et enchantée, lui demanda le nom de ses maîtres ; puis, quand les noms furent dits, elle resta triste : ces maîtres, c’étaient les mêmes qu’avait eus à Paris sa fille Alexandrine, qu’elle venait de perdre !

Alors Mme de Pompadour les mena toutes deux dans un cabinet où elles entendirent chanter un rossignol. Gomme elles s’émerveillaient : « Ma chère enfant, il est à vous, »