Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/34

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-crit de Sophie : « Mme la duchesse de V…, fille d’un premier gentilhomme de la chambre, me mena en trophée chez la maîtresse du royaume, la marquise de P…r, qui tira mon horoscope, de manière qu’elle me jugeait déjà digne d’être sa rivale au théâtre des Dieux. Elle vanta ma figure qui était pourtant très ordinaire et nullement développée, ma aille qui n’était pas encore à sa croissance et qui me faisait par là ressembler à une guêpe ; j’avais pourtant une tournure qui ri était pas trop commune, j’avais encore les grâces de l’enfance, mais sans manières. Bref, ma mère et moy revinrent à Paris, elle, avec de tendres sollicitudes, de l’inquiétude sur ce qui m’ arriverait, sur les projets que l'on formait tacitement sur moi ; et moi ri ayant rien compris aux beaux compliments qui m’avaient été faits par les belles dames et les beaux seigneurs, et ne voyant de bien dans tout cela que les joujoux magnifiques dont on m’avait gratifiée, et les belles bonbonnières pleines que l’on m’avait données de toutes parts [1].

  1. J’ai la plus extrême défiance à l’égard des anecdotes racontées par Sophie Arnould dans les quelques pages de ses mémoires autographes ou dans les mémoires dictés par la vieille chanteuse. Nous avons déjà vu qu’elle mentait à propos de la date et du lieu de sa naissance.