Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/50

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la jolie souffrance de ce long et charmant ovale, cette bouche entrouverte, et sur laquelle meurt une dernière prière ou un dernier sourire, — c’est, sur toute cette face de la chanteuse, comme une douce agonie d’amour et de jeunesse.


IX


Après le portrait, la caricature. « Milord. — À vous dire vrai, celle-ci (Sophie) n’a rien de merveilleux, une figure longue et maigre, une vilaine bouche, des dents larges et déchaussées, une peau noire et huileuse. Je ne lui vois que deux beaux yeux[1] . » Et malheureusement la caricature ressemble au portrait tracé par l’inspecteur de police du Journal de Sartines : « Je l’ai vue (Sophie Arnould) au sortir de son lit, elle a la peau extrêmement noire et sèche, et a


    appartenant à M. A.-J. Doucet), Sophie, faisant son portrait d’elle-même, dit : « Pour ce qui est de ma taille, je dois dire avec sincérité qu’elle est petite, mais svelte et régulière. La charpente en est gracieuse et tous les mouvements aisés. J’ai la jambe bien faite, le pied joli, le bras, la main comme les modèles. L’œil bien taillé, la physionomie ouverte, attrayante, spirituelle. »

  1. L’Espion anglais, Gollin, 1809, vol. I, et dans le Vol plus haut ou l’Espion des principaux théâtres de la capitale, qui a répété textuellement la citation. — Deville dit : « Elle conserva dans ses dernières années tout le feu de ses beaux yeux, au point qu’on pouvait y lire toute son histoire… » Arnoldiana.