menaces proférées par ces derniers, contre les partisans et les fauteurs de la religion nouvelle, que Mahomet crut prudent d’envoyer ses fidèles en Éthiopie, où le Négus leur fit bon accueil, et de se retirer avec tous les membres de sa famille, musulmans ou non, à Taïd, dans la montagne, non loin de la Mecque (615).
Ce fut la première « fuite » ou Hégire. L’exil du Prophète dura environ trois ans. Vers 618 nous le retrouvons dans la ville sainte, dont la protection d’Abou-Taleb lui a fait rouvrir les portes, mais où la susceptibilité jalouse des Koréïschites lui fait une situation extrêmement délicate et fort précaire. S’il parle, il va provoquer à nouveau la fureur de ses ennemis ; s’il se tait, il sacrifie ses convictions ou ses intérêts. Que faire ? Chez Mahomet le visionnaire exalté était doublé d’un fin politique. Il n’a plus l’oreille de ses compatriotes ; mais son prestige est intact aux yeux des étrangers. Or, parmi ces derniers, il le sait, un très grand nombre ne supportent qu’avec peine l’ingérence quelque peu hautaine des Koréïschites dans toutes les affaires religieuses et commerciales de l’Arabie. Au premier rang de ces jaloux sont les habitants d’Yatreb, de tout temps désireux d’attirer, à leurs marchés et à leurs sanctuaires, les flots de commerçants et de pèlerins que les foires de la Mecque réunissent autour de la Kaaba. En s’adressant aux étrangers, et particulièrement aux Yatrebites, Mahomet était donc assuré de rencontrer au moins des partisans intéressés de ses vues politiques, et des alliés discrets et sûrs contre ses plus redoutables ennemis. Nous savons maintenant pourquoi, pendant les quatre années qu’il passa encore à la Mecque, Mahomet s’abstint de tout acte public de prosélytisme vis-à-vis