Page:Gondal - Mahomet et son oeuvre.djvu/14

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les forces vives de l’Arabie ; la conquête de la Kaaba, centre traditionnel de la patrie des Arabes. Pendant les dix années qu’il vécut encore, le Prophète dépensa à la réalisation de ce grand dessein, tout ce qu’il avait d’énergie, de souplesse, de ténacité.

Son premier soin, en arrivant à Médine, fut, après avoir ordonné l’érection d’une mosquée sur le terrain où s’était arrêtée sa chamelle, de régler minutieusement les pratiques de la religion véritable. C’est alors qu’il fut définitivement arrêté que tout Moslem serait désormais tenu : à prier cinq fois par jour, le visage tourné vers la Mecque ; à sanctifier le vendredi ; à jeûner le mois de ramadan et à payer la dîme en faveur des pauvres.

Au temps de Mahomet, l’Arabie indépendante ne reconnaissait que deux autorités : celle des cheïks, chefs de tribu, et celle des poètes ; l’Arabie sujette obéissait aux princes du Yemen, aux rois de Perse, aux empereurs de Constantinople. Pour réaliser l’unité nationale il était donc indispensable, de plaire aux poètes, de gagner les cheïks, de flatter ou d’effrayer les souverains étrangers.

Le Prophète, par le seul ascendant de son génie, fascina si bien les premiers qu’ils vinrent en foule se ranger sous sa bannière, heureux et fiers de se proclamer ses disciples, et que les plus célèbres d’entre eux, Waraca, Othmar, Omar, Zeïd, Khaled, chantèrent à l’envie ses vertus et ses exploits.

Par une série d’unions scandaleuses mais utiles à ses intérêts, il sut gagner à sa cause les chefs des principales tribus, qui regardèrent comme un très grand honneur de lui donner en mariage, qui sa nièce, qui sa sœur, qui sa fille. À un moment donné, Mahomet, eut, de ce chef seulement, jusqu’à quinze