Page:Gondal - Mahomet et son oeuvre.djvu/15

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femmes légitimes issues presque toutes des familles les plus influentes de l’Arabie. Enfin par un échange de correspondances diplomatiques, bientôt commenté par une suite d’opérations militaires sur toutes les frontières de l’Arabie indépendante, il s’efforça de faire comprendre à l’empereur des Grecs, au roi des Perses et aux princes de l’Yemen, que l’heure était venue de rendre l’Arabie aux Arabes, et de compter sérieusement avec la puissance redoutable du visionnaire, dont les prétentions les avaient d’abord fait sourire.

Mahomet ne pouvait établir sérieusement son autorité à la Mecque que sur les ruines de celle des Koréïschites ses implacables ennemis. Or les Koréïschites devaient leur puissance, on s’en souvient, à leur double qualité de trafiquants émérites et de desservants attitrés du sanctuaire de la Kaaba. Le plus sûr moyen de les ruiner était donc de supprimer le trafic, et de discréditer le sanctuaire. Les moyens employés par le Prophète pour parvenir à ce double but font plus d’honneur à sa perspicacité qu’à la noblesse de ses sentiments. Établi dans une cité dont la situation était favorable pour interrompre le commerce de la Syrie avec l’Arabie, il charge ses partisans d’inquiéter toutes les caravanes et d’exterminer sans pitié celles de ses puissants ennemis ; et, pour couper court à toutes les hésitations, il proclame le vol et l’assassinat dignes d’une récompense éternelle quand les victimes sont idolâtres, et fait de la guerre implacable contre les partisans des idoles le plus saint de tous les devoirs. « Le paradis, s’écrie-t-il, est à l’ombre des épées… »

« Une goutte de sang répandue pour la cause de Dieu, une nuit passée sous les armes à ciel découvert, ont plus de mérite que deux mois de jeûnes