Page:Gondal - Mahomet et son oeuvre.djvu/35

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L’humanité a payé cher cette erreur du mahométisme. Les institutions musulmanes imposées par la violence aux peuples les plus divers ont eu pour résultat de les stériliser tous, dans la mesure même où ils les ont subies. Les nations jadis si puissantes de l’Afrique septentrionale, de l’Asie occidentale et de la péninsule des Balkans sont mortes ou agonisent dans l’étroite et obscure prison de la société musulmane. Des peuples admirablement doués, et très capables de s’élever d’un pas ferme et rapide jusqu’aux plus hauts sommets de la civilisation, les arabes, les persans, les berbères, les turcs, ont tout à coup perdu, après une courte période de prospérité militaire, principalement à cause des difficultés insurmontables que leur ont suscitées la constitution théocratique et la législation inflexible imposées à ses fidèles par Mahomet, tout ressort, toute initiative, et jusqu’à la notion même du mouvement et du progrès. Seuls, les peuples arriérés ou dégénérés, les nègres, les malais, les hindous, les chinois, font un pas en avant en entrant dans la société musulmane[1]. C’est au

  1. « L’Islamisme, dit M. Tiele, n’a trouvé de disciples véritables et zélés que chez des peuples peu développés, tels que les populations chrétiennes à la surface, de l’Égypte, de l’Afrique du nord, et de l’Espagne, chez les berbères, les nègres, les malais et les turcs. En Perse et aux Indes, il ne triompha que par la force. Les persans ont toujours passé pour hérétiques, et les musulmans hindous ne se distinguent souvent des brahmanistes que par quelques formes. Né chez un peuple tardivement développé, s’il est la plus jeune des religions universelles, il est également la moins élevée. Pendant une courte période seulement, il a, à la faveur des circonstances, et en opposition avec ses propres principes, donné naissance à une civilisation plus haute. Appliqué en toute rigueur il est destructif de toute civilisation. » Manuel de l’hist. des Religions 145-6.