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OBLOMOFF.

les plus heureux étaient ceux, qui, désespérant du nouvel ordre de choses, se retiraient en tout bien tout honneur dans les petites propriétés qu’ils avaient si bien acquises.

Les Oblomoff avaient compris la chose au premier mot : ils appréciaient l’utilité de l’éducation, mais seulement son utilité matérielle. Quant à la nécessité de cultiver l’esprit, ils n’en avaient qu’une idée vague et lointaine ; c’est pourquoi ils ne cherchaient, en attendant, pour leur petit Élie, qu’à attraper quelques brillants privilèges.

Ils rêvaient pour lui l’habit brodé de gentilhomme de la chambre, la place de conseiller à la cour. Sa mère allait même jusqu’à le voir gouverneur, mais ils voulaient par diverses ruses atteindre ce résultat au meilleur marché possible.

Ils voulaient tourner adroitement les pierres et les obstacles semés sur la voie de la civilisation et des honneurs, sans se donner la peine de sauter par-dessus, c’est-à-dire, par exemple, étudier superficiellement, et non jusqu’à s’exténuer le corps et l’âme ou jusqu’à perdre l’embonpoint béni, acquis dès l’enfance : ils tenaient seulement à exécuter le programme et à se procurer le certificat où il serait dit qu’Ilioucha avait terminé ses études dans les sciences et les arts.

Ce système d’éducation à la Oblomoff rencontra