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OBLOMOFF.

s’était engouffré dans sa gorge. Il se tenait, donc au milieu de la chambre sur un demi-tour commencé, regardant toujours Oblomoff de travers.

— Est-ce que tes jambes sont paralysées, que tu ne peux rester là un moment debout ? Tu vois, j’ai des soucis ; attends donc… tu n’es pas encore las d’être couché là dedans ? Cherche-moi la lettre que j’ai reçue hier du staroste. Qu’en as-tu fait ?

— Quelle lettre ? Je n’ai pas vu de lettre, dit Zakhare.

— Mais c’est à toi que le facteur la remise. Tu sais, cette lettre si sale.

— Où l’avez-vous fourrée ? Qu’en sais-je, moi ! dit Zakhare, en tâtant les papiers et les autres objets étalés sur la table.

— Tu ne sais jamais rien. Regarde là, dans la corbeille. Ou est-ce qu’elle ne serait pas tombée derrière le sofa ?… Et voilà ce dossier qui n’est pas encore réparé ! Que ne vas-tu chercher le menuisier ? C’est toi-même qui l’as cassé. Tu ne penses à rien !

— Je ne l’ai point cassé, répondit Zakhare, il s’est cassé tout seul. Il ne pouvait durer toujours. Il fallait bien qu’il se cassât une fois.

Élie ne crut pas utile de lui prouver le contraire.

— L’as-tu trouvée enfin ? demanda-t-il.

— En voici des lettres…

— Ce n’est pas cela.