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OBLOMOFF.

— Ma foi ! il n’y en a pas d’autres, grogna Zakhare.

— C’est bien ! va-t’en, dit Élie avec impatience ; je vais me lever et je la trouverai bien moi-même.

Zakhare rentra dans son cabinet ; mais à peine avait-il appuyé ses mains pour sauter sur le poêle, qu’il entendit crier vivement :

— Zakhare ! Zakhare !

— Seigneur Dieu ! aboya Zakhare, en se dirigeant encore une fois vers la chambre ; quelle existence ! J’aimerais mieux mourir !

— Qu’est-ce qu’il vous faut ? dit-il, en tenant la porte de la chambre, et en dirigeant sur Oblomoff, en signe de mécontentement, un regard si oblique qu’il ne l’apercevait plus que de la moitié de son œil, et que le maître ne saisissait de sa personne que l’incommensurable favori d’où l’on s’attendait à voir, comme d’un buisson, s’envoler tout à coup deux ou trois oiseaux.

— Mon mouchoir de poche, vite ! Tu aurais dû deviner toi-même… Tu ne vois rien, remarqua sévèrement Élie.

Zakhare ne manifesta ni déplaisir, ni étonnement particulier à cet ordre et à ce reproche. Il trouvait probablement l’un et l’autre très-naturels.

— Qui sait où est le mouchoir de poche ? croassa-t-il en faisant le tour de la chambre et en tâtant chaque