Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
OBLOMOFF.

— De sorte que les coups du maire apparaissent dans la nouvelle comme le fatum des anciens tragiques ? dit Oblomoff.

— Justement, reprit Pennkine. Vous avez beaucoup de tact, monsieur, vous devriez écrire. Mais en attendant, j’ai réussi à démontrer que le maire se faisait justice à lui-même, et que les mœurs du peuple étaient bien corrompues ; que les actes des employés subalternes étaient mal surveillés, et qu’il était urgent de prendre des mesures sévères, mais légales… N’est-ce pas qu’il y a là une idée… assez neuve ?

— Oui, surtout pour moi, dit Oblomoff : je lis si peu.

— En effet, on ne voit pas de livres chez vous ! dit Pennkine. Mais, je vous en supplie, lisez un livre qui va paraître, un poëme magnifique, on peut le dire : L’amour d’un prévaricateur pour une femme déchue. Je ne puis vous révéler le nom de l’auteur : c’est encore un secret.

— Qu’y a-t-il là-dedans ?

— On y a mis à découvert le mécanisme de notre mouvement social, et cela sous des couleurs poétiques. On y touche à tous les ressorts ; on y examine tous les degrés de l’échelle sociale. L’auteur y invite comme à une fête le grand seigneur faible et vicieux, et la tourbe des prévaricateurs qui le