Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/33

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Sachka, puis il se pencha vers le prisonnier et, de ses mains noires, le maintint dans cette attitude en lui pressant la cuisse.

— Approche-toi, Alexis, appela grand-père… Voyons, à qui est-ce que je parle ?… Viens regarder comment on fouette… Une !

Élevant un peu le bras, il fit claquer la baguette sur le corps nu. Sachka se mit à crier.

— Silence ! ordonna le bourreau ; cela ne fait pas mal ! Comme ceci, c’est plus douloureux !

Et il frappa de telle façon qu’une bande rouge apparut aussitôt, s’enflamma et se gonfla sur le dos de mon cousin, qui poussa un gémissement prolongé.

— Ça ne te plaît pas ? interrogea grand-père, levant et abaissant le bras en cadence. Vraiment tu n’aimes pas ça ? C’est pour le dé.

Chaque fois qu’il levait le bras, ma poitrine tout entière se soulevait aussi ; quand il l’abaissait, je m’écroulais moi-même de frayeur.

Sachka geignait d’une voix aiguë et angoissante :

— Je ne le ferai plus… Pourtant, je t’ai bien dit pour la nappe… Je t’ai tout dit…

— Dénoncer n’est pas se justifier. Le rapporteur doit être châtié le premier. Tiens ! Voilà pour la nappe !

Grand’mère se jeta sur moi et me prit dans ses bras, en criant :

— Je ne te permettrai pas de toucher Alexis ! Tu ne le prendras pas, monstre !

Elle se mit à lancer des coups de pied dans la porte et à appeler :