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Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/157

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DIXIÈME SIÈCLE

fut étouffé sous des coussins le 2 juillet 928. Guy ne survécut pas longtemps à ce meurtre, et sa mort délivra le roi d’Italie du seul feudataire qu’il eut alors à craindre. Pour s’affranchir désormais de cette puissante maison de Toscane, Hugues fit crever les yeux au duc Lambert, héritier de Guy, et donna le duché à Boson, une de ses créatures. Cette spoliation jeta l’alarme parmi les grands vassaux, qui rappelèrent Rodolphe II. Afin d’obtenir de ce compétiteur l’abandon de ses prétentions au trône lombard, Hugues lui offrit la couronne de Provence, disponible depuis la mort de Louis l’aveugle, ne se réservant dans cette cession que son comté patrimonial. Rodolphe accepta et réunit ainsi les deux royaumes de Bourgogne (930).

Tranquillisé de ce côté, le roi d’Italie chercha une dernière garantie de sécurité dans un mariage avec la veuve de Guy, la véritable souveraine de Rome. Trois ans après l’assassinat du pape Jean X, Marozia fit asseoir sur le siége apostolique, sous le nom de Jean XI, son propre fils. Ce fut avec cette femme que Hugues partagea le trône qu’il lui devait (932). Cette union ne lui fut pas longtemps profitable, il dut bientôt quitter Rome qu’un fils de Marozia, Albéric, avait poussée à la révolte, en évoquant les souvenirs confus de l’ancienne République. Proclamé patrice et consul, Albéric régna en dictateur dans la ville éternelle, tandis que son frère Jean XI gouvernait l’Église. À l’exemple des Romains, les seigneurs des provinces conspirèrent pour secouer le joug de leur suzerain (934). Pour tenir tête à l’orage, Hugues associa au trône son fils Lother et disposa de plusieurs duchés, parmi lesquels ceux de Spolète, de Toscane, de Trente, en faveur de parents ou d’étrangers (935). Il se remaria avec la veuve de son ancien rival Rodolphe II, Berthe de Souabe, et se fit un allié du fils de celle-ci, Konrad le Pacifique, héritier mineur des deux Bourgognes ou royaume d’Arles. Malgré tous ses efforts, il ne put réduire le consul Albéric et assiégea Rome deux fois sans succès (939). Il fut plus heureux dans une expédition contre les Sarrasins de Fraxinet qui venaient