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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

de saccager la ville de Gênes et pillaient sans cesse ses domaines patrimoniaux. Avec l’appui de la marine byzantine, il réussit en 942 à s’emparer de la colonie de ces pirates musulmans qui avaient déjà détruit la cité de Fréjus et changé en déserts les cantons riverains du Var et de l’Argens.

N’ayant pu soumettre complétement ces infidèles, il leur confia la garde des passages des Alpes, ce qui leur permit de rançonner à loisir les voyageurs et les pèlerins, jusqu’en 972, époque à laquelle les seigneurs de Provence coalisés détruisirent définitivement le repaire de Fraxinet

La sourde colère qu’excitait la tyrannie du roi provençal d’Italie fut encore exaspérée par une nouvelle invasion de Hongrois. Depuis quarante ans les courses de ces Barbares, à travers la Péninsule, avaient été presque continuelles. À peine repoussés ils reparaissaient, semant partout la ruine sur leur passage. Pavie, Capoue, Bénévent, le monastère du mont Cassin portaient encore les traces du sac et de l’incendie. Cette fois, Hugues s’empressa d’acheter leur retraite par un tribut écrasant (944). Le pays humilié et appauvri n’attendait qu’un chef pour se soulever. Le marquis d’Ivrée, Bérenger, descendit dans la vallée de l’Adige et s’avança jusqu’aux rives du Pô. Les défections de Manassès, évêque comte de Trente, de Milon, comte de Vérone, de l’archevêque de Milan, et de l’évêque de Modène, obligèrent Hugues à se renfermer dans Pavie. Convaincu bientôt de l’impossibilité de résister à ce soulèvement général, il résolut d’abdiquer en faveur de son fils Lother, qui fut reconnu roi par les rebelles et même par leur chef Bérenger (946). Hugues repassa les Alpes et reparut dans Arles où il mourut presque aussitôt. Lother suivit de près son père dans la tombe, empoisonné par le marquis d’Ivrée. En lui s’éteignit le dernier rejeton de la branche féminine des rois Karlovingiens (950). Bérenger II prit la place de sa victime, et, pour assurer sa succession à son fils Adalbert, il voulut le marier à Adélaïde, veuve de Lother. Celle-ci refusa, s’enfuit et parvint à trouver un asile dans le