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DIXIÈME SIÈCLE

château de Canossa. C’est de là que, pour mieux résister à son ennemi, elle implora le secours du roi de Germanie (951).

À cette époque, Otton-le-Grand, victorieux de ses vassaux révoltés, venait de triompher de ses ennemis extérieurs et de contraindre le roi de Danemark, Harald, à reconnaître sa suzeraineté. Les tribus slaves des bords de l’Oder et de la Sprée ayant réclamé leur indépendance les armes à la main, il les avait vaincues et leur avait imposé le baptême. Il mit leur territoire, qu’il nomma Saxe orientale, sous l’autorité de son général Hermann Billunc, et y fonda un grand nombre d’évêchés. En Lorraine, où les seigneurs étaient toujours prêts à transporter leur allégeance d’un souverain à un autre, il avait consolidé sa suprématie en forçant Louis d’Outremer à renoncer à tous ses droits sur ce duché. Mais il refusa la couronne de Neustrie que lui offraient pour la seconde fois le duc de France, le comte de Flandre et le comte de Vermandois, révoltés comme de coutume contre leur roi Louis IV. La querelle de ces vassaux et de leur souverain s’étant envenimée à l’ouverture de la succession du duc de Normandie Guillaume-Longue-Épée, et Louis étant tombé entre les mains de Hugues-le-Grand, Otton rassembla une armée pour délivrer le roi à qui il avait récemment donné sa sœur en mariage. Le duc de France, alarmé, élargit son captif sous condition, et Louis alla à la rencontre de son libérateur qui s’avançait suivi de trente-deux légions et du roi d’Arles, Konrad le Pacifique. Otton ne voulut pas se retirer, sans tenter de punir le vassal rebelle. Il ravagea les duchés de France et de Normandie ; mais il dut renoncer à s’emparer des villes de Senlis, de Laon et de Paris, il fut battu devant Rouen (947) et il dut regagner l’Allemagne sans avoir rien changé à la situation des parties belligérantes.

Pour mettre un terme à ces dissensions, trois conciles furent réunis à Verdun, à Mousson et à Ingelheim par le roi de Germanie, qui invita Louis d’Outremer à faire entendre ses plaintes aux représentants de l’Église. Le