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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

règne violent et capricieux de dix-huit mois, Kleph fut égorgé par un de ses officiers (575). Les ducs ne lui donnèrent pas de successeur et laissèrent le trône vacant. La transformation du gouvernement en oligarchie militaire produisit des divisions qui compromirent la conquête. Alarmés par les attaques des Grecs et des Franks, les Lombards rétablirent la royauté au profit d’Autharis, fils de Kleph. Le nouveau roi regagna le terrain perdu. Par une brusque incursion dans le Samnium, il arrêta complétement les tentatives belliqueuses de l’exarque et consolida les duchés de Bénévent et de Capoue qui furent réunis plus tard (585). Les Franks, ayant voulu recommencer la guerre, à l’instigation de Constantinople, furent entièrement défaits (588). En 590, le roi d’Austrasie, Hildebert II, qui avait envahi l’Italie, repassa les Alpes sans autre profit que d’avoir ravagé la vallée du Trentin. Par son habileté, sa prudence, son activité, Autharis affermit et régularisa la conquête lombarde ; il astreignit ses feudataires à l’assister de tous leurs efforts en temps de guerre, à verser au trésor royal la moitié de leurs revenus, et, à ces conditions, leur garantit la possession héréditaire de leurs bénéfices, sauf le cas de félonie. Il fixa les conditions de la propriété, publia des lois contre le meurtre, le vol, l’adultère et se convertit à l’arianisme. Il mourut en 591. Les Lombards donnèrent la couronne au duc de Turin, Agilulf, qu’épousa Théodelinde, veuve d’Autharis. Ce prince sut maintenir les ducs dans le devoir et repousser les attaques incessantes des Grecs et des Franks (595-600). Sur les instances du pape Grégoire Ier et de Théodelinde, Agilulf se rallia au catholicisme. La plupart des siens, touchés de la même grâce, suivirent son exemple.

Pendant que l’Italie subissait une nouvelle domination barbare, la guerre se poursuivait toujours indécise entre la Perse et l’empire. Justin II, miné par une maladie incurable, avait résigné la puissance suprême à un capitaine des gardes nommé Tibère (578). Peu après cette abdication, il mourut quelques mois avant son ennemi, le perse Khosrou Ier, à qui succéda son fils Hormuz