trent la mer moienne ou il se fierent, si comme leur natures le requirent[1][a].
De ça paradis terrestre tout environ a moult de divers lieus sanz nul
retour. Car nus hons n’i pourroit[2] habiter ne trover[3] point de son vivre,
por[4] les males bestes qui la sont fieres et cruieuses et des maintes guises[5].
La sont li jaiant et li chenillieu[6] qui deveu-[F° 51 a]rent tout et menjuent
ausi comme font leu et mainte autre male beste sauvage[7] [b].
Après vient la contrée d’Ynde qui prent son non d’une yaue qui a non Ynde qui sourt devers septemtrion[1]. Ceste est close[2] tout entour de la grant mer qui l’avironne[b].
En Ynde siet une ille qui a a non Probane[c], ou il a ·x· citez et maintes autres viles, ou il a chascun an ·ii· estez et ·ii· yvers, et sont si a-[F° 51 b] trempez[3] que il y a touz jourz[4] verdure[d]. Et a toz[5] jourz es arbres et fueilles[6] et fruit et fleurs ; et est plenteureuse d’or et d’argent, et moult eureuse d’autres choses.
La sont les granz montaingnes[7] d’or et de pierres precieuses et d’autres
tresors assez[8]. Mais nus hons n’i ose aprouchier pour les dragons et pour
les gripons[9] sauvages qui ont cors de lyons volanz, qui emporte[10] bien ·i·
homme tout armé a tout son cheval quant il le peut[11] [F° 51 c] atraper[e].
Si y a mainz[12] autres lieus si douz et si delitables et si esperituels que,
se[13] uns hons estoit dedenz, il diroit que ce seroit paradis[14].
- ↑ [F° 51 a — 51 c = Vers 2170-2195.]
- ↑ « Après vient... l’avironne. » Isidore, Etym. XIV. 3. 5 ; Neckam, De Laud. III. 1021 ; Honorius Aug. I. 11.
- ↑ « En Ynde... Probane. » Orosius, Histor. I. 2 ; Honorius Aug. I. 11.
- ↑ « ou il a... verdure. » Isidore, Etym. XIV. 6. 12 ; Honorius Aug. I. 11.
- ↑ « La sont... atraper. » Gervaise de Tilbury, Otia Imper. II. 3 ; Isidore, Etym. XIV. 3. 9 ; Honorius Aug. I. 11.