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qu’i[1] sorent[2], tant que il orent[3] des ·vii· arz les principes et les raisons.

Et après vint Platons, li sages souverains de philosophie, et son clerc qui ot a non Aristotes. Cil Platons fu li hons el[4] monde qui fu de plus parfonde clergie et qui plus mist clergie[5][* 1] avant que nus qui fust devant lui ne aps. Icil prouva premierement que il n’estoit que uns touz seuls souverains qui tout fist, et dont tuit li bien [F° 116 d] viennent ; et enquores le pruevent[6] bien ses livres, que il n’est c’uns seus[7] souverains biens. Ce est Diex qui fist toutes choses. Et en cele seule unité prouva il droite verité. Car il prouva son pooir, son sens, son bien. Ces ·iii· reclaimment tuit crestien : Ce est le pere, et le fill, et le saint esperit. Du pere dist la puissance, du fill la sapiance[8], du saint esperit la bienvoillance.

Et Aristotes, qui après vint, l’ensuevi ; et le tint si près de [F° 117 a] moult de choses que il ot dites, que de lui vint ce que[9] il sot. Il ordena moult bien l’art de logique. Car il en sot plus que d’autre chose.

Icès ·ii· trouverent ·iii· personnes en ·i· seul lieu[10], et le prouverent. Mais il n’en mistrent riens en latin. Car il estoient amdeus sarrazins, comme cil qui furent lonc tans avant que Jhesu Crist, bien ·ccc· anz[a]. Si furent tuit leur livre[11] en grieu.

Mais puis vint Boeces, uns granz philosophes et sages, qui de pluseurs [F° 117 b] languages[12] aprist, et qui moult ama droiture. Cil Boeces translata de[13] leur livres grant partie, et les mist en latin. Mais il mourut[14] ainçois qu’il les eüst translatez. Dont ce fu damages[15] a nous. Puis en ont autres bons clers translaté ; mais cil en translata le plus que nous avons enquore en usage ; et fist en sa vie moult de bons livres et de moult haute philosophie, qui enquores nous ont grant mestier pour nous adrecier envers Nostre Seingneur[16].

Et maint [F° 117 c] autre bon clerc ont esté au monde de grant pooir qui apristrent toute leur vie[17] des ·vii· arz et d’astronomie. Dont il en i ot d’aucuns qui en leur tans firent merveilles par astronomie. Mais cil qui plus s’en entremist, ce fu Virgiles qui en fist maintes choses[18] merveilleuses. Et pour ce, si vous en conterons aucunes dont nous avons oÿ.

  1. * Sloan f° 123 B :

    Cil Platons fu li hons el monde
    qui plus ot science parfonde
    et qui plus mist clergie avant
    que nus qui fust n’apriès n’avant.

  1. « Icès ·ii· trouverent... bien ·ccc· anz. » Clément d’Alexandrie Stromata (Migne. Patrologia. Series Graeca t. 8 col. 155, 158) lib. V, ch. 14. V. Introduction p. 48.
  1. — B : qu’il ; « qu’i » cf. note p. 60.
  2. — B : porent.
  3. — B : ot.
  4. — B : du.
  5. — B et N : clergie, et qui plus mist clergie avant ; A : « et qui plus mist clergie » manque.
  6. — B : preuvent.
  7. — B : seuls.
  8. — B : sapience.
  9. — B : c’en que.
  10. — A, B, C, N : lieu.
  11. — B : livres.
  12. — B : langages.
  13. — B : des.
  14. — B : morut.
  15. — B : fu granz damages.
  16. — B : Seigneur.
  17. — B : toutes leur vies.
  18. — A : « maintes choses » se trouve écrit deux fois.