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fist maistre Gautiers
de Mies en Lorraine, uns
trés boins phyllosophes.

Le manuscrit contient tous les remaniements, toutes les additions, telles que la vie de saint Brandan, distinctives de la seconde rédaction complète. Il est divisé en deux parties, comme on pouvait s’y attendre, et ne se nomme plus l’Image du Monde mais le Mapemonde. Le prologue est tout à fait particulier à ce manuscrit, et la conclusion celle propre à la première rédaction. Mais, à part ces quelques lignes, il est indiscutable que le texte entier est celui de la seconde rédaction.

En résumé, les droits de Gauthier reposent sur ce seul manuscrit de la seconde rédaction qui, ayant appartenu à Ducange, vu par Dom Cal met, semble avoir attiré plus d’attention qu’aucun autre et avoir créé ainsi de véritables droits d’auteur en faveur de Gauthier. Voilà ses titres. Comparons-les maintenant à ceux de Gossouin.

Gossouin. — Tout d’abord nous voyons là un bon nom germanique, tout comme celui de Gauthier, dont la présence en Lorraine n’aurait rien d’étonnant. Même à Bruges, au XVme siècle, on trouve un scribe nommé Gossein établi au-dessus du porche de Saint Donat.

Le nom nous est parvenu sous quatre formes différentes, mais où l’on peut, sans difficulté, reconnaître une origine commune : Gossouin, Gossonin, Gosson, Gosoyn. Comme le dit V. Le Clerc lui-même[1], les erreurs de copistes sont fréquentes, surtout dans le cas des noms propres, et ces variations n’ont rien d’extraordinaire.

Gosoyn est indiqué comme auteur dans un manuscrit apparemment égaré de nos jours, mais vu par V. Le Clerc, qui nous fournit ainsi un de nos plus précieux arguments. Il est à propos de reproduire ici, in extenso, ce paragraphe important de son article sur l’Image du Monde :

« Un manuscrit in-folio, qui nous a été communiqué à Paris, mais qui ne s’y trouve plus, composé au XIVme siècle, de quarante-trois feuillets de parchemin à deux colonnes, la plupart d’une quarantaine de vers, conserve dans les derniers la date 1245, quoiqu’il porte, au chap. 17 du troisième livre, celle de 1247. Mais nous devons remarquer surtout que, des copies en vers que nous avons pu voir, c’est la seule qui soit précédée de cette suscription : « Ci commencent li chapitre du romanz maistre Gosoyn, qui est apelez ymage du monde. » Le style y est rajeuni et le sens quelquefois altéré. »

Les détails sont précis et définitifs : le manuscrit contient entre six et sept mille vers, il est divisé en trois parties, la date est répétée au chap. 17,

  1. V. Le Clerc, dans l’Histoire littéraire de la France t. XXIII, p. 327