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qui ne se pouoient[1] conseillier ne ne savoient quant il en avoient plus grant mestier.

Il ne vivoient pas autresi comme cil qui pour eus[2] oster de peril[3] s’estudioient en clergie et usoient leur vies en tele[4] maniere qu’il vouloient [5] leur cors soutenir[6] seulement tant comme il seroient au siecle, [Fo 15 a] si comme cil qui bien savoient que pou leur durroit ceste vie ; si n’avoient d’autre chose envie, fors que d’aprendre tele science dont il peüssent connoitre le souverain roy[7] tout puissant qui tout avoit fet[8] de sa main.

Si penserent bien en leur sens, comme gent qui estoient de noble pourpens, que ja[9] connoissance n’avroient ne de Dieu, ne de sa poissance, se il n’enqueroient avant en ses euvres[10], tant comme il en pourroient[11] savoir. [Fo 15 b] Car ja bien ne connoitra l’en le mestre, se l’en ne connoist[12] son estre avant, et ses euvres[13] queles eles sont. Car par les euvres[14] connoist on l’ouvrier et comment il peut[15] estre. Et pour ce se voudrent essaier aus euvres[16] Dieu premierement por plus legierement avoir connoissance de son pouoir[17] et de sa vertu. Et quant plus porroient savoir de ses euvres[18] et de ses sens, tant avroient il meilleur volenté d’amer leur createur, et meil-[Fo 15 c]leur pourpens[19], qui avoit fet si noble chose comme estoit le ciel qu’il veoient, les estoiles qui reluisoient par mi, et ses autres vertuz merveilleuses dont il le prisoient plus. Et tant comme plus le prisoient, [et] plus le servoient volentiers. Car ce estoit[20] toute leur entention et toute leur[21] raison de Dieu connoistre.

Car il savoient bien de verité que Diex leur avoit donné sens pour raison et nature enquerre des choses de la terre [Fo 15 d] et de celes du ciel, tant que il en peüssent plus savoir. Car autrement n’i eüssent[22] il ja pensé, que nus[23], tant soit sages ne discrez[24], ne pourroit[25] entendre de ses haus[26] secrez ne de ses miracles se il meïsmes non[* 1]. Car il set[27] tout par droiture ; mès[28] de celes qui par nature sont faites en[29] ciel et en terre[30] peut[31] bien li hons enquerre aucune raisons, se il est de bon sens et il met son temps[32] en clergie aprendre.

  1. — B : pooient.
  2. — B : euls.
  3. — B : perill.
  4. — A : teles : il y a évidemment ici une faute de copiste, l’angln. n’offrant aucun cas parallèle.
  5. — B : voloient.
  6. — B : sostenir.
  7. — B : connoistre le souurain roi.
  8. — B : auroit fait.
  9. — B : que il ja...
  10. — B : avant de ses œures.
  11. — B : emporoient.
  12. — B : connoistra l’en le maistre, se l’en le connoist.
  13. — B : avant son estre et ses œures...
  14. — B : oures.
  15. — B : puet.
  16. — B : as œures.
  17. — B : pooir.
  18. — B : œures.
  19. — B : meilleur pourpens et meilleur volenté d’amer leur creatour.
  20. — B : car s’estoit.
  21. — B : lor.
  22. — A : n’y heüssent il... ; C : n’y heussent.
  23. — A : nus hons.
  24. B : discres.
  25. — B : porroit.
  26. — B : hauz.
  27. — B : soit.
  28. — B : mais.
  29. — B : el.
  30. — B : en la terre.
  31. — B : puet.
  32. — B : tans.
  1. * « Car autrement... non » : Car autrement ils n’auraient jamais pensé que personne, quelque sage ni discret qu’il fût, pût jamais comprendre Ses secrets ni Ses miracles sauf (sinon) Lui-même.